Le réveillon des corps. Introduction dans le milieu ouvert des partouses. Costumes habillés contre tenues impudiques, bas apparents, apparats dépouillés, vulves offertes aux regards.
Danse de mondanités, échanges cordiaux « et comment vont les enfants ? ». On glisse la main entre les jambes comme on sert la main…
Catherine observe avec l’impression de regarder par le trou de la serrure. Elle reste collée à lui, elle sent les regards sur eux, les petits nouveaux, elle se sent comme une vierge que l’on mènerait au sang. Elle est confiante pourtant puisqu’il est là et que leurs règles sont posées. Ce qui ne va pas à l’un délimitera le jeu.
Le repas est une farce où toute la société dîne, sont attablés les hommes que l’on ne remarque pas, les discrets, les graveleux aussi, aux blagues de comptoir à faire rougir une libertine, les gentlemen sont là également, les femmes aux allures fragiles, celles dont c’est écrit sur le front, les mères de familles déguisées. Chacun joue son rôle, la marche des plats en métronome. L’un d’entre eux tournera le dos à sa femme pour en lécher une autre, avant le dessert. Une autre encore se fera palper les seins, puis lécher alors qu’elle finissait quelques huîtres. La tension se fait sentir, certains raillent qu’il est temps de débarrasser, que l’heure n’est plus aux dégustations, mais à la consommation.
Les tables sont enlevées, libérant la piste de danse, la musique monte en décibel et plus personne ne sait qui est avec qui tant les unions deviennent mouvantes. Quelques danses lascives attirent les regards. Catherine croit voir là le ballet primitif d’une danse de croupes préalable à un accouplement animal. Efficacité du jeu, les danseurs iront sur les matelas derrière le rideau afin de joindre le chant à la chorégraphie.
Minuit. Les bouches ont enfin une excuse, les mains ne font plus ruse. « Bonne année ! » On se souhaite plus chaleureusement l’évènement que jamais alors entre proches. Très vite, les sexes sont déballés, les genoux pliés, les doigts enfoncés, les corps n’ont plus une mais deux têtes, trois parfois, plus deux mais quatre, cinq, six mains. Un tapis de chair recouvre alors le sol, amas de corps, viande à l’étalage, les femmes n’ont plus de mari, les hommes plus de femme, tout n’est que sexe. Accoudée au bar, tournant le dos à la piste, Catherine discute musique avec le barman (qu’il est interdit de toucher avant une heure du matin). Le caucasien est à côté d’elle, il joue de charme avec un homme d’une petite cinquantaine d’années. Elle sent les deux hommes se coller plus près d’elle et des mains qui la caressent timidement. Elle frémit de ne pas savoir à qui sont ces mains, mais très vite elle saisit qu'elle en a quatre sur elle. Elle se retourne et regarde le désir dans les yeux de cet homme, elle l’embrasse, Igor sourit. « Enchanté… Frédéric » Ces mots prononcés, il se baisse et soulève la jupe de Catherine, écarte le petit bout de tissu et embrasse son humidité. Il s’applique et bientôt les coups de langues, alliés aux caresses d’Igor sur ses seins, la rendent brûlante. Il se relève « je crois que nous devrions aller nous mettre à l’aise ». Ils se dirigent vers les matelas disposés au sol, effeuillage rapide, chaussures, pantalons… Les deux hommes embrassent Catherine, les corps se pressent, et la main de Catherine se dirige vers le sexe de cet homme, alors que celle d’Igor l’y rejoint… Elle le prend dans sa bouche, bientôt relayée par Igor, l’homme savoure « quelle bonne suceuse ton homme… » et puis les choses s’inversent dans un sens, dans un autre… Il lui dit à l’oreille qu’il veut la prendre. Elle ne ressent pas de désir comme avec Igor c’est étrange… elle se sent comme une machine au service du sexe, elle est là pour ça, pour le jeu et pour savoir, alors elle s’offre… Les gens sont autour et regardent, elle ne les voit pas parce qu’elle n’est plus qu’un corps offert au vice
« Arrête ! »
Retour à la réalité. Igor la regarde fixement « Arrête je te dis ! » La composition se défait, elle le regarde et se voit. Le jeu est fini. Il ne bandait pas.